La fugue
Ce devait être une journée comme les autres,
Pour les moines de ce monastère,
Une journée entre Dieu et les apôtres,
Enfin, entre le Ciel et la terre.
Mais le cri de désespoir qu'on entendit,
Ne présagea rien de bon,
Il résonna du presbytère à la sacristie,
Et fit plus d'effet qu'un coup de canon.
On retrouva le Père Vairs effondré,
Son corps allongé près de l'autel,
On mit longtemps à le ranimer,
Et comprit qu'il l'avait échappé belle.
Répétant sans cesse qu'il avait disparu,
Tout le monde cru qu'il avait perdu l'esprit,
Mais quand il leur parla de l'Enfant Jésus,
Tous regardèrent la crèche et restèrent ahuris.
Cette disparition de l'Enfant Eternel,
Etait un grand malheur,
Surtout qu'on était à la veille de Noël,
Et qu'on attendait la Mère Supérieure.
Le rassemblement général fut ordonné,
Le Moine Ho s'envola dans les airs,
Accroché aux cordes du clocher,
Qui surplombait le cimetière.
Ce fut la panique la plus totale,
Tout le monde savait quoi chercher,
Mais leurs paires de sandales,
Ne savaient pas où se diriger.
A l'exemple du Père Dhu,
Retrouvé dans le champs de maïs,
Complètement à la rue,
D'après les dires de la police.
Aux gendarmes et aux voleurs,
Le Père Cuteur était le plus malin,
Il retrouvait toujours les bonnes Soeurs,
Mais ce coup-ci, il perdit son latin.
Quand au soir retentit l'Angélus,
Le Père Soreil et l'Abbé Tyse se regardèrent,
Ils comprirent qu'ils ne pourraient chercher plus,
Ils avaient fouillé partout, même sous les pierres.
A la nuit tombée, tous s'écroulèrent épuisés,
Pendant que l'hiver déposait son manteau blanc.
Aux Matines Jésus était revenu et ils pensèrent avoir rêvé,
Personne n'aperçut dans la neige, les pas du petit Enfant.
(La fugue. Copyright © Didier Bovard 2002)
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