Le monde imaginaire
Quel vent de folie s’est mis à souffler
Cette nuit dans le Monde Imaginaire
Après une soirée des plus arrosées
De Merlin l’enchanteur et ses compères
Ils s’amusèrent à prendre le grimoire
Et ils tournèrent les pages à la volée
Laissant lui seul décider le hasard
D’une formule magique appropriée
Ils s’arrêtèrent sur un philtre d’amour
Vieille recette oubliée du temps jadis
Et ils se mirent au travail tour à tour
Mélangeant fioles de désirs et de vices
Tout ce beau monde y alla de bon cœur
Et sans jamais rechigner à l’ouvrage
Ils étaient empreints d’une telle ardeur
Qu’ils oublièrent le respect du dosage
La lune eut le temps de finir sa ronde
Lorsque la marmite se mit à bouillir
Il ne leur fallut que quelques secondes
À prendre à leurs cous leurs jambes et s’enfuir
Ce fut un véritable feu d’artifice
Qui illumina même les eaux profondes
Et l’air se remplit d’un grand maléfice
Que respira quasiment tout le monde
Alors, c’est une frénésie sexuelle
Qui s’empara de tous les personnages
Mais on n’avait jamais rien vu de tel
Une telle ampleur avec autant de rage
Dans ce pays où l’on rêvait avant
Toutes les histoires tournèrent au cauchemar
De celles qu’on ne raconte pas aux enfants
Aux grenouilles de bénitier, c’est notoire
Et c’est Vampirella avant le jour
Qui fit l’ouverture du bal, la première
Suçotant comme une damnée sans détour
Dracula et Frankenstein deux pervers
Dans le pays des mille et une nuits
Même les eunuques retrouvèrent leur allant
Shéhérazade, Princesse inassouvie
Chevaucha tout sur son tapis volant
Chez les Schtroumpfs au fin fond de la forêt
Tout le monde se mit à faire la fête
Et par bonheur, la plupart étaient gays
Pensez donc, il n’y avait que la Schtroumpfette.
À leur réveil, les trois petits cochons
N’eurent ensemble, qu’une seule idée en tête
Avec le loup, jouer à saute-mouton
Faire des trucs du genre « la brouette ».
En Armorique chez nos amis gaulois
Nul n’eut besoin de la potion magique
Une orgie romaine, je n’ vous dis que ça
Ils jouèrent tous à « Viens là que j’ te nique »
Même les sangliers n’osèrent plus sortir
Tous par peur de rencontrer Obélix
Surtout d’éviter de prendre son menhir
Au choix, ils préféraient encore Astérix
Un gang band pour la Belle au bois dormant
Organisé par la vieille à la pomme
Avec les sept nains et le Prince charmant
On n’en avait jamais vu, parole d’homme
Une petite fête orchestrée par Belle
Pour l’anniversaire de la Cendrillon
Et voilà qu’à la Bête lui pousse des ailes
Tirant à tout va de son goupillon
Les indiens poursuivirent Pocahontas
Et la fumée dessina des « Je t’aime »
Toute la tribu la suivit à la trace
Même le grand sorcier sortit son totem
Les sirènes partirent toutes à l’abordage
Sur tout ce qui ressemblait à un bateau
À leur tête, Ariel qui d’habitude sage,
Avec Neptune coursèrent les matelots
Pour ne pas se faire prendre par les bandits
Notre Dingo, comme à l’accoutumée
Rentra dans un petit trou de souris
Ce que le Mickey lui fit remarquer
Comme à son habitude capitaine Flam
Avait le feu dans le bas de son dos
Mais cette fois, ce furent au dam de ses dames
Goldorak et Albator, ses cadeaux
Les trois Rapetou en oublièrent même
Le coffre-fort du richissime Picsou
Ils étaient trop occupés, quel dilemme
Excités après Donald comme des poux
Dans le désert aride du grand canyon
Le Lucky-Luke et son Jolly Jumper
Firent la fête avec la bande des Daltons
À qui tirait le plus vite, ils jouèrent
Même au pays de nos amies les fées
La Clochette dut surveiller ses arrières
Peter, plus que jamais surexcité
Rêvait d’un pan pan cucul du tonnerre
Au clocher de notre Dame de Paris
La belle danseuse gitane Esméralda
Coinça Quasimodo avant la nuit
Et lui sonna ses cloches avant le glas
Le sortilège se dissipa enfin
Et tout le monde retrouva ses esprits
Ayant jusqu’à oublier en chemin
Ce qu’ils avaient donné, et surtout pris
Merlin l’enchanteur dut se rhabiller
Dans le couvent où il trouva refuge
Mon Dieu, il n’eut jamais pris un tel pied
Avec les bonnes sœurs, ce fut le Déluge
Et voilà, l’histoire de ce qui s’est passé
Mais à ne pas mettre entre toutes les mains
En tout cas, cette version revisitée
Où j’ai pris du plaisir, ça fait du bien…
(Le Monde Imaginaire - Copyright © Didier Bovard 2015)
À Sandra...
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